The State, au coeur de l’Etat Islamique

The State est une mini-série en quatre épisodes de 45 minutes diffusée sur Channel 4 en Angleterre. Elle se propose de suivre de jeunes britanniques rejoignant l’Etat Islamique en Syrie.

Voici un sujet brûlant et passionnant qui reste pourtant rare à la télévision.
Beaucoup de séries ont déjà évoqué Daesh et ce parfois de manière pertinente1Homeland et Le Bureau des Légendes le font par exemple plutôt bien. mais, à ma connaissance, aucune n’avait encore osé placer les jihadistes au coeur même du récit2Je n’oublie pas l’excellente Sleeper Cell, mais elle a été produite en 2005, une époque à laquelle l’EI n’existait pas encore.
Par ailleurs, elle se déroule essentiellement sur le sol américain.
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Il faut dire qu’il est aisé de sombrer dans le manichéisme et de se dire que tous ces jeunes qui cherchent à rejoindre l’organisation terroriste ne sont que des fous assoiffés de violence qui prennent pour excuse la religion pour assouvir leurs plus bas instincts.
La réalité est forcément plus complexe et c’est ce que s’attache à dépeindre The State.

Je ne crois pas que la période à laquelle se déroule les évènements soit clairement précisée. Néanmoins, un certain nombre d’éléments3La frontière avec la Turquie se révèle encore assez facile à franchir tandis que Daesh semble toujours dans une période faste. laissent penser que la série se situe il y a au mois 2 ou 3 ans, une période durant laquelle la relative naïveté de ces jeunes reste crédible.
Car pour l’essentiel, ces jeunes hommes et femmes, candidats au Jihad, semblent pétris de bonnes intentions.
L’une d’entre eux, Docteur en Angleterre et venue avec son petit garçon, est par exemple bien décidée à exercer la médecine pour porter assistance aux victimes du conflit.

Ecrite et réalisée par Peter Kosminsky4J’ai maintenant bien envie de découvrir ses travaux antérieurs parmi lesquels Warriors sur les balkans et The Promise sur le conflit Israelo-palestinien., on sent que la série a bénéficié d’un énorme travail de documentation et la mise en images de certaines choses5Le sort des femmes et enfants Yézidies et l’embrigadement des jeunes enfants sont par exemple présentés de manière absolument bouleversante. que l’on a pu lire dans la presse6Je vous recommande au passage le travail de David Thompson sur Les Jours qui est également publié sous le titre Les Revenants. se révèle absolument glaçante.

Le résultat est une oeuvre à la fois terrifiante et touchante qui sonne parfaitement juste du début à la fin.

The State est actuellement diffusée en France sur CANAL+.

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    Homeland et Le Bureau des Légendes le font par exemple plutôt bien.
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    Je n’oublie pas l’excellente Sleeper Cell, mais elle a été produite en 2005, une époque à laquelle l’EI n’existait pas encore.
    Par ailleurs, elle se déroule essentiellement sur le sol américain.
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    La frontière avec la Turquie se révèle encore assez facile à franchir tandis que Daesh semble toujours dans une période faste.
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    J’ai maintenant bien envie de découvrir ses travaux antérieurs parmi lesquels Warriors sur les balkans et The Promise sur le conflit Israelo-palestinien.
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    Le sort des femmes et enfants Yézidies et l’embrigadement des jeunes enfants sont par exemple présentés de manière absolument bouleversante.
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    Je vous recommande au passage le travail de David Thompson sur Les Jours qui est également publié sous le titre Les Revenants.

The X-Files, entre déception et nostalgie

Alors que j’avais une quinzaine d’années, The X-Files est la première série devant laquelle j’ai réalisé que le format sériel offrait des possibilités illimitées. Accessoirement, la série m’a aussi donné l’envie de m’intéresser au Cinéma de genre1Notamment via Mad Movies, magazine découvert à l’occasion de son numéro 98 consacré à la série. Mad Movies 98 (Carpenter, Cronenberg, Romero, Argento pour ne citer que quelques maitres).

Ne serait-ce que pour cela, la série de Chris Carter aura toujours une place à part dans mon cœur.

Ceci dit, je me dois également de confesser que la fameuse mythologie de la série m’a laissé sur le bord de la route aux alentours de la saison 4 mais cela ne m’a pas empêché de continuer à apprécier l’atmosphère si particulière de la série ainsi que ses loners souvent brillants.
De même, je n’ai pour ainsi dire aucun souvenir des deux dernières saisons de la série (c’est tout juste si je me souviens que Robert Patrick était là…).

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    Notamment via Mad Movies, magazine découvert à l’occasion de son numéro 98 consacré à la série. Mad Movies 98

Strike Back, un guilty pleasure efficace

Strike Back a définitivement baissé le rideau au terme de sa cinquième saison (Edit : en fait non, la série est revenue avec une nouvelle équipe à l’automne 2017), l’occasion de revenir sur ce généreux guilty pleasure estival.

La série se veut une adaptation du roman éponyme de Chris Ryan1Un ancien des forces spéciales britanniques. et nous propose de suivre la Section 20, une division des services secrets britanniques que les opérations conduisent aux quatre coins du monde.

Damien Scott (Sullivan Stapleton) & Michael Stonebridge (Philip Winchester)
Damien Scott (Sullivan Stapleton) & Michael Stonebridge (Philip Winchester)

Sa première saison – diffusée en 2010 – est une production 100% britannique en six épisodes assez premier degré et diffusée sur Sky1.
Lorsqu’elle fut renouvelée pour une seconde saison, la série devint une co-production internationale avec l’entrée au financement de la chaîne du câble américain Cinemax2La chaîne du groupe HBO à qui l’ont doit notamment Banshee et The Knick..
Strike Back est alors repensée de fond en comble au point que les premières minutes de la nouvelle saison se sentent obligées d’annoncer ce changement de manière aussi pachydermique que possible avec une scène de sexe assez racoleuse, encore que celle-ci caractérise finalement assez bien les deux nouveaux personnages principaux, le beauf américain (Sullivan Stapleton) et le gentleman British (Philip Winchester) ce dernier faisant passablement penser à une sorte de James Bond qui aurait passé un peu trop de temps sur un banc de muscu.

A mes yeux, depuis cette seconde saison, Strike Back est devenue une sorte de Banshee avant l’heure, à savoir une série bourrée d’action, fun et décomplexée.
Banshee a depuis été nettement plus loin aussi bien sur le fond que sur la forme mais Strike Back n’en demeure pas moins une série tout à fait digne d’intérêt.

Strike Back

Le fait qu’elle fut systématiquement tournée en dehors des Etats-Unis et (accessoirement) de l’Europe occidentale lui donne un cachet très particulier qui peut à lui seul justifier son visionnage.
En effet, la série a été tournée en Hongrie et surtout en Afrique du Sud et c’est évidemment cette dernière qui nous offre les décors les plus originaux, en parvenant à nous transporter de l’Irak au Zimbabwe en passant par le Darfour ou encore la Somalie.
Ces décors atypiques apportent un vrai vent de fraîcheur au milieu de la multitude de séries tournées aux Etats-Unis ou au Canada.

Pour sa cinquième et dernière saison essentiellement tournée en Thaïlande, la série s’offre une guest star plutôt cool en la personne de Michelle Yeoh mais surtout une conclusion satisfaisante au terme d’un double épisode franchement efficace3Avec quelques séquences qui ne sont pas sans rappeler Piège de Cristal (Die Hard.

Pour l’anecdote, cette ultime saison initialement prévue pour l’été 2014 est arrivée avec une année de retard suite à la blessure de Sullivan Stapleton à la tête après que celui-ci soit tombé d’un tuk-tuk sur son temps perso (!?! – No comment –).

Strike Back

A noter qu’il se murmure que la série pourrait revenir sous la forme d’un film avec pour ambition à peine dissimulée de devenir une franchise récurrente.

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    Un ancien des forces spéciales britanniques.
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    La chaîne du groupe HBO à qui l’ont doit notamment Banshee et The Knick.
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    Avec quelques séquences qui ne sont pas sans rappeler Piège de Cristal (Die Hard

P’tit Quinquin, Twin Peaks au pays des ch’tis

P’tit Quinquin est une série policière suivant un duo de flics aussi improbable que manifestement incompétent, deux gendarmes perdus au milieu de personnages tous plus étranges les uns que les autres et de crimes qui se révèlent à l’avenant.

"Gendarmerie Nationale quand même ! Donc... euh... bon..."
« Gendarmerie Nationale quand même !
Donc… euh… bon… »

En parallèle de l’enquête, on s’intéresse au p’tit Quinquin et à sa bande de copains qui tentent de braver l’ennui dans la torpeur estival.
Le titre et l’étrangeté du récit qui présente tous les personnages comme de quasi-extra-terrestres à l’exception notable de la mère et des amis du jeune garçon laissent penser que le récit est peut-être la manière dont celui-ci se souvient des événements de cet été-là.
Un regard enfantin qui serait parvenu à transformer un sordide fait divers en véritable récit onirique.

Rien dans les quatre épisodes que compte P’tit Quinquin ne viendra jamais confirmer – ni infirmer – cette hypothèse et on peut très bien voir la série pour ce qu’elle est avant tout, à savoir une formidable comédie policière burlesque peuplée par une galerie de personnages que nous ne sommes pas près de revoir de sitôt à la Télévision.

Au delà de la puissance évocatrice de son histoire, Bruno Dumont réalise un véritable tour de force dont lui seul à le secret au niveau du casting et de la direction d’acteur.
Les personnages sont campés par des amateurs mais cela n’empêche jamais l’auteur-réalisateur d’obtenir des performances absolument démentes1Toutes sont vraiment très bonnes mais j’avoue que Bernard Pruvost qui incarne le commandant Van der Weyden m’a totalement scotché ! Ses tics, sa démarche, son élocution… Il est tout simplement bluffant ! qui sonnent malgré tout parfaitement juste dans l’univers surréaliste qu’il dépeint.

A ce niveau, ce n’est pas simplement exceptionnel, cela relève pratiquement du miracle pur et simple.

Ptit Quinquin avec Eve son amoureuse
Ptit Quinquin avec Eve son amoureuse

Le résultat est une œuvre profondément singulière à laquelle il faut absolument laisser sa chance.
Personnellement, j’ai été totalement happé par cette histoire et j’avoue même avoir pleuré de rire devant l’audace – voire la folie absolue – de certaines séquences2En vrac : La scène de l’église, la voiture à deux roues, les répliques autour des vaches folles et carnivores, la rencontre avec le procureur, l’évocation grossière du peintre Rubens, les cascades de Van der Weyden… J’en passe et des meilleures..

Si, comme moi, vous êtes honteusement passé à côté de P’tit Quinquin lors de sa diffusion à la rentrée 2014 sur Arte, c’est le moment de vous rattraper3Les coffrets DVD ou Blu-ray peuvent faire un super cadeau de Noël même si l’option iTunes reste la moins onéreuse. !

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    Toutes sont vraiment très bonnes mais j’avoue que Bernard Pruvost qui incarne le commandant Van der Weyden m’a totalement scotché ! Ses tics, sa démarche, son élocution… Il est tout simplement bluffant !
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    En vrac : La scène de l’église, la voiture à deux roues, les répliques autour des vaches folles et carnivores, la rencontre avec le procureur, l’évocation grossière du peintre Rubens, les cascades de Van der Weyden… J’en passe et des meilleures.
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    Les coffrets DVD ou Blu-ray peuvent faire un super cadeau de Noël même si l’option iTunes reste la moins onéreuse.

The Good Wife : le conflit Margulies/Panjabi et la saison 6

51 ! Oui, cinquante et un ! C’est le nombre d’épisodes durant lesquels Kalinda et Alicia ne sont jamais apparues à l’écran ensemble.
En effet, avant l’ultime épisode de la saison 6, leur dernière apparition commune remontait au 14ème épisode de la saison 4.
C’était le 17 février 2013.

Cet article est garanti sans spoiler.

La brouille entre Julianna Margulies (Alicia) et Archie Panjabi (Kalinda)

Le « problème » est que la scène qu’elles partagent enfin a été truquée. Vous lisez bien, Entertainment Weekly confirme que les deux actrices n’ont pas tourné la scène ensemble et que nous ne devons l’illusion qu’à un tour de passe-passe réalisé en post-production.
Devant la scène, j’avais trouvé les champs contre-champs assez louches, mais les quelques plans larges dans lesquels on voyait Alicia et Kalinda avait achevé de me convaincre que j’étais simplement en train de sombrer dans le complotisme niais.
Mais non, mon intuition initiale était pourtant bien la bonne, les deux comédiennes n’ont toujours pas réellement tourné une scène ensemble !

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