Si Vikings n’a ni l’ampleur ni le caractère épique d’un Spartacus (sur lequel je reviendrai très prochainement), la série de la chaine History n’en demeure pas moins très plaisante et ce malgré un budget à l’évidence limité1On parle de 40 millions de dollars pour la première saison et ses neuf épisodes. Visuellement, le résultat a certaines limites évidentes notamment dans les séquences de combat..
Une de ses principales réussite est qu’elle parvient à s’éloigner d’un certain nombre de clichés sur les Vikings que l’on a plutôt l’habitude de voir présentés comme des barbares sans foi ni loi.
En nous plaçant au cœur même d’une tribu, Michael Hirst – le créateur et showrunner de Vikings – nous présente des êtres de chair et de sang beaucoup plus avancés socialement que ce que l’on pourrait croire et c’est vraiment rafraichissant de s’éloigner de la vision traditionnelle. Une vision traditionnelle qui découle sans doute du fait que la plupart des récits de l’époque ont été faits par des pays qui ont été attaqués si ce n’est envahis par les Vikings.
Si la première moitié de la seconde saison se révèle extrêmement riche en évènements, je ne peux malheureusement pas m’empêcher d’avoir le sentiment que Vikings a eu une fâcheuse tendance à survoler sa propre histoire.
Là où on peut reprocher à certaines séries de passer beaucoup trop de temps sur un arc narratif, dans ce début de saison de Vikings, c’est exactement le contraire. J’ai finalement l’étrange impression d’avoir assisté à un résumé synthétique de la série, ce qui se révèle forcément un peu frustrant.
J’imagine (j’espère même) que les auteurs sont entrés dans cette logique dans le but de mettre en place ce qui était nécessaire pour une seconde moitié de saison tonitruante mais le résultat après cinq épisodes n’en reste pas moins approximatif, au point que j’ai vraiment le sentiment que nous sommes passés à côté de quelque chose.

Jax Teller dans Sons of Anarchy
Attention, ce qui suit contient des SPOILERS sur les cinq premiers épisodes de la seconde saison
La meilleure illustration du phénomène est sans doute qu’en l’espace de cinq petits épisodes, nous avons découvert un Rollo (Clive Standen) guerrier opportuniste prêt à tuer son frère Ragnar (Travis Fimmel) avant de le voir sombrer dans la catégorie paria alcoolique et suicidaire. Et le voilà semble-t-il aujourd’hui de retour à son statut initial de fidèle lieutenant de son frère…
L’essentiel de cette évolution éclaire est la conséquence directe de l’ellipse sur laquelle s’ouvre le second épisode de la saison (« 4 ans plus tard… »). Ces quatre années permettent aux auteurs de faire de Bjorn (Alexander Ludwig) un homme et de faire revenir Lagertha (Katheryn Winnick) au premier plan, mais était-ce vraiment la bonne manière de procéder ?
Je suppose que les auteurs voient l’épisode d’ouverture de cette saison comme une extension de la première saison et le second comme le véritable point de départ de la nouvelle saison et je dois avouer que, si la série avait été diffusée ainsi, j’aurais sans doute eu moins de difficulté à accepter le procédé, ne serait-ce que parce que j’aurais attendu près d’un an entre les deux épisodes et non pas une semaine comme ce fut le cas ici.
Malgré tout, ce début de saison m’a semblé un peu trop mécanique et j’espère que le nouveau statu quo mis en place va au moins nous amener vers des choses intéressantes.
Même si Lagertha s’apprête à s’éloigner à nouveau de Ragnar, il y a fort à parier que nous la reverrons très vite, reste à déterminer dans quelles circonstances.
Je ne connais pas la légende originale (et je sais encore moins si les auteurs s’autorisent des libertés vis-à-vis de celle-ci) mais la solution la plus simple serait sans doute la mort de la princesse Aslaug (Alyssa Sutherland). A moins que ce soit celle de Bjorn qui ne soit l’élément déclencheur d’un retour, mais cela me semble peu probable car j’imagine difficilement Lagertha entretenir une quelconque rancœur à l’égard de Ragnar si leur fils venait à mourir au combat dans une culture dans laquelle une telle issue est plutôt vue comme une forme de bénédiction puisqu’elle assure l’accès à Valhalla, le paradis des Vikings.

Quoi qu’il en soit, la suite de la saison devrait largement revenir sur l’intriguant roi Ecbert incarné par Linus Roache tout en creusant le jeu des relations familiales entre Ragnar, Rollo, Bjorn et très probablement Lagertha2La référence de Rollo au fait qu’il a aimé Lagertha – l’épouse de son frère – n’est sans doute pas complètement anodine. et cela promet d’être passionnant.
J’ai également hâte de voir ce qu’il va advenir d’Athelstan (George Blagden), le moine anglais devenu Viking et aujourd’hui de retour côté Anglo-Saxon, mais j’espère surtout que la série se laissera plus le temps de développer ses intrigues et ses personnages car, si je n’ai rien contre les changements de statu quo, j’apprécie surtout ce qui nous y conduit et pour le moment cette saison me laisse un peu sur ma faim.
- 1On parle de 40 millions de dollars pour la première saison et ses neuf épisodes. Visuellement, le résultat a certaines limites évidentes notamment dans les séquences de combat.
- 2La référence de Rollo au fait qu’il a aimé Lagertha – l’épouse de son frère – n’est sans doute pas complètement anodine.