Vikings et sa première moitié de saison 2

Si Vikings n’a ni l’ampleur ni le caractère épique d’un Spartacus (sur lequel je reviendrai très prochainement), la série de la chaine History n’en demeure pas moins très plaisante et ce malgré un budget à l’évidence limité1On parle de 40 millions de dollars pour la première saison et ses neuf épisodes. Visuellement, le résultat a certaines limites évidentes notamment dans les séquences de combat..
Une de ses principales réussite est qu’elle parvient à s’éloigner d’un certain nombre de clichés sur les Vikings que l’on a plutôt l’habitude de voir présentés comme des barbares sans foi ni loi.
En nous plaçant au cœur même d’une tribu, Michael Hirst – le créateur et showrunner de Vikings – nous présente des êtres de chair et de sang beaucoup plus avancés socialement que ce que l’on pourrait croire et c’est vraiment rafraichissant de s’éloigner de la vision traditionnelle. Une vision traditionnelle qui découle sans doute du fait que la plupart des récits de l’époque ont été faits par des pays qui ont été attaqués si ce n’est envahis par les Vikings.

Si la première moitié de la seconde saison se révèle extrêmement riche en évènements, je ne peux malheureusement pas m’empêcher d’avoir le sentiment que Vikings a eu une fâcheuse tendance à survoler sa propre histoire.
Là où on peut reprocher à certaines séries de passer beaucoup trop de temps sur un arc narratif, dans ce début de saison de Vikings, c’est exactement le contraire. J’ai finalement l’étrange impression d’avoir assisté à un résumé synthétique de la série, ce qui se révèle forcément un peu frustrant.
J’imagine (j’espère même) que les auteurs sont entrés dans cette logique dans le but de mettre en place ce qui était nécessaire pour une seconde moitié de saison tonitruante mais le résultat après cinq épisodes n’en reste pas moins approximatif, au point que j’ai vraiment le sentiment que nous sommes passés à côté de quelque chose.

Ragnar Lothbrock dont l’interprète Travis Fimmel aurait fait un parfait Jax Teller dans Sons of Anarchy
Travis Fimmel (Ragnar) aurait fait un parfait
Jax Teller dans Sons of Anarchy

Attention, ce qui suit contient des SPOILERS sur les cinq premiers épisodes de la seconde saison

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    On parle de 40 millions de dollars pour la première saison et ses neuf épisodes. Visuellement, le résultat a certaines limites évidentes notamment dans les séquences de combat.

Banshee, un guilty pleasure pas si coupable

Les adjectifs qui caractérisaient le mieux la première saison de Banshee étaient probablement « fun » et « décomplexée ».
A l’occasion de sa seconde saison, la série a considérablement gagné en profondeur et montré qu’elle avait (beaucoup) plus à offrir que des scènes d’action dantesques et des scènes sexy un poil gratuites.

Le postulat de départ de Banshee est sans doute un des éléments qui la rendait un peu difficile à prendre au sérieux l’année dernière. Il faut bien dire que la séquence clé qui fait que le héros (Anthony Starr) passe du statut d’ex-taulard à celui de shérif de la petite ville de Banshee aurait difficilement pu être plus overzetop.
A côté de cela, la série avait la fâcheuse tendance de systématiquement faire se jeter toutes les femmes sur Lucas Hood (parfois on se disait que c’était pour mieux le manipuler, mais non…). Évidemment, quiconque a déjà regardé Strike Back (sur Cinemax également) ne sera pas vraiment surpris puisque le personnage incarné par Sullivan Stapleton y « subit » plus ou moins le même sort1Pour donner un peu de contexte, il est intéressant de noter que Cinemax est la chaîne du groupe HBO qui historiquement était surtout connue pour diffuser des films érotiques. Ceci explique sans doute cela….

A mesure que la seconde saison progresse, Banshee conserve sa touche sexy mais le résultat devient nettement plus organique. La série s’offre même quelques séquences vraiment sulfureuses au travers de la relation entre Kai Proctor (Ulrich Thomsen) et sa nièce Rebecca Bowman (Lili Simmons).
Au passage, au delà du fait que la jeune femme apparaît souvent légèrement vêtue, le personnage incarné par Lili Simmons se révèle assez fascinant. Elle apparaît souvent discrète et rêveuse mais, par petites touches, les auteurs dessinent un portrait nettement plus ambigu. Tellement ambigu que bien malin qui pourra dire de quel côté penchent réellement ses allégeances. Vise-t-elle le fauteuil de son oncle ? Veut-elle le faire plonger ? Lui est-elle dévouée (façon syndrome de Stockholm) ?

Même si Banshee ne se prive pas d'utiliser la plastique avantageuse de Lili Simmons, son personnage n'en est pas moins riche et ambigu (ce que True Detective n'avait pas réussi à offrir à la jeune comédienne)
Même si Banshee ne se prive pas d’utiliser la plastique avantageuse de Lili Simmons, son personnage n’en est pas moins riche et ambigu (ce que True Detective n’avait pas réussi à offrir à la jeune comédienne)

Banshee, c’est aussi une histoire d’amour impossible entre Hood et Carrie (Ivana Miličević) et, sur ce point aussi, les auteurs offrent un très bon traitement à l’intrigue en ne cédant pas à la facilité d’entrer dans un bête schéma ils sont ensemble/ils ne le sont plus.
Ceci dit, cela n’empêche pas Hood d’être essentiellement attiré par des femmes qui ont de faux airs de Carrie : Rebecca à son arrivée puis Siobhan (Trieste Kelly Dunn) de manière encore plus flagrante à mon avis. A ce titre, le casting est une belle réussite que les auteurs ont vraiment très bien utilisé en ne se privant pas de dresser trois beaux portraits de femmes fortes très différentes.

How many lives have you lived? (Carrie)
None, really. (Hood)

Une scène de baston entre Lucas Hood (Anthony Starr) et un sosie de Jason Statham
Une scène de baston entre Lucas Hood (Anthony Starr) et un sosie de Jason Statham

J’aime aussi beaucoup l’idée que celui que l’on appelle Hood n’a en fait pas de véritable identité. Depuis le début de Banshee, on ne fait référence à lui qu’au travers du nom de l’homme dont il a pris la place dans l’épisode d’ouverture de la série.
Bien que son personnage en soit le cœur, Anthony Starr n’est pas franchement le comédien le plus convaincant de Banshee, il est même plutôt inexpressif. Cela dit, son regard vide lui donne une sorte de poker face qui colle bien avec le mystère qui règne autour des origines de son personnage.

En parlant d’origines, les auteurs de Banshee ont exploré de nombreuses manières de raconter – ou plutôt de compléter – leur histoire en dehors de la série et notamment par le biais de Banshee Origins, un sympathique Comic book gratuit2Deux versions du Comic book sont disponibles, une version simple qui fut éditée avant le lancement de la série et une version Extended parue entre les deux saisons. Les deux éditions sont disponibles gratuitement sur iTunes et Comixology. qui revient sur les évènements qui ont conduit Hood en prison quinze ans plus tôt. A noter que certains flashbacks de l’ultime épisode de la seconde saison ne sont que des versions filmées de planches figurant dans le Comic.

Banshee Origins Extended Edition (Comic book gratuit chez IDW)
Banshee Origins
Extended Edition
(Comic gratuit chez IDW)

Le site Web Welcome To Banshee proposent également des flashbacks complémentaires à ceux que nous avons pu voir au sein des deux premières saisons. Ceci dit, ces vidéos restent à mon sens largement dispensables.

Parmi les particularités de la série elle-même, on note deux petits bonus chaque semaine. Le premier figure dans le générique sous la forme d’une combinaison – différente à chaque épisode – qui permet d’ouvrir un coffre sur Welcome To Banshee afin d’en savoir plus sur les étranges photos qui ornent le générique. Un générique dans l’esprit de Seven et Saw que j’apprécie tout particulièrement pour le caractère entêtant de sa musique signée Methodic Doubt (un duo qui fait du super boulot sur le score de la série). Voici un exemple de ce fameux générique :

Le second petit bonus est plus classique avec une scènette supplémentaire qui conclut le générique de fin de chaque épisode.

Bref, si on peut discuter de l’intérêt réel de tous ces petits compléments offerts autour de la série, on ne peut en revanche pas reprocher aux auteurs de ne pas essayer de nouvelles choses.
A ce titre, l’épisode The Truth About Unicorns (2.05) est une pure merveille quasi-expérimentale qui s’inscrit parfaitement dans cette logique de s’aventurer en territoire inexploré. Le résultat est beau, atmosphérique mais parvient à enrichir encore la relation entre Hood et Carrie tout en faisant progresser l’intrigue. Du grand art, vraiment.

Carrie (Ivana Milicevic) dans The Truth About Unicorns
Carrie (Ivana Milicevic) dans
The Truth About Unicorns

Le final de la seconde saison offre une belle conclusion à ce qui a conduit Hood à rester à Banshee durant les deux premières saisons, mais le dernier quart d’heure dessine quantité de nouvelles pistes qui laissent penser que Hood n’est pas prêt de quitter cette petite ville de sitôt.

Si vous n’avez pas encore goûté à Banshee, c’est le moment de démarrer une petite session de rattrapage.
Pour ma part, j’ai déjà hâte de retrouver la série pour une troisième saison !

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    Pour donner un peu de contexte, il est intéressant de noter que Cinemax est la chaîne du groupe HBO qui historiquement était surtout connue pour diffuser des films érotiques. Ceci explique sans doute cela…
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    Deux versions du Comic book sont disponibles, une version simple qui fut éditée avant le lancement de la série et une version Extended parue entre les deux saisons. Les deux éditions sont disponibles gratuitement sur iTunes et Comixology.

Les anthologies, un nouvel Eldorado ?

Dans la foulée du succès de True Detective sur HBO, les anthologies ont le vent en poupe et il ne fait pas de doute que bon nombre de producteurs se demande en ce moment comment ils vont pouvoir surfer sur ce phénomène.

American Horror Story, un projet nettement plus foutraque, avait ouvert la voie en 2011, c’était après une petite pirouette puisque lors de son lancement la série n’avait pas été présentée comme une anthologie. C’est à quelques épisodes de la fin de la première saison que Ryan Murphy révéla que le season finale clôturerait totalement l’intrigue tandis que la seconde saison s’inscrirait dans un tout nouveau contexte.
Un peu plus tard, on appris que certains des acteurs (et notamment Jessica Lange) rempileraient la saison suivante tout en incarnant de nouveaux personnages ce qui constituait un bon moyen de conserver un minimum de lien à l’écran entre les différentes saisons (ce que True Detective ne devrait pas faire).

American Horror Story
American Horror Story – Saison 1

Dans le cas de True Detective, le format – forcément aidé par un budget que l’on devine très confortable – est ce qui a permis à HBO de s’attacher les services de comédiens aussi prestigieux que Woody Harrelson et Matthew McConaughey (Oscarisé cette année1Matthew McConaughey a obtenu un Oscar mérité pour son rôle dans Dallas Buyers Club mais on peut se demander dans quelle mesure le buzz autour de sa prestation dans True Detective a pu peser au moment des votes.).

McConaughey2La prestation de Harrelson est également très convaincante mais son rôle de passif-agressif est nettement moins spectaculaire que le Cohle incarné par McConaughey. et son interprétation magnétique de flic tourmenté ont vraiment été au cœur des discussions durant toute la saison et ont beaucoup joué dans l’adhésion publique et critique3Le principal reproche que l’on peut formuler à True Detective concerne le caractère assez unidimensionnel de ses personnages secondaires. que la série a très vite emporté. Il est évident qu’un tel coup en terme de casting n’aurait pas été possible sur une série traditionnelle qui aurait engagé ses comédiens sur plusieurs saisons.

Si HBO n’a pas encore confirmé la mise en chantier d’une seconde saison, Nic Pizzolatto – l’auteur – ne se gêne pas pour en aborder les grandes lignes au détour d’interviews et on imagine que la chaîne Premium attend surtout d’avoir un casting cinq étoiles à annoncer pour officialiser ce qui n’est à l’évidence qu’un secret de polichinelle.
A moins que ce ne soit une autre des qualités aveuglantes de la première saison qui concentre les efforts de HBO à savoir la réalisation. En effet, Cary Fukunaga a annoncé qu’il ne poursuivrait pas l’aventure la saison prochaine en tant que réalisateur4Cary Fukunaga sera producteur exécutif sur la seconde saison ce qui lui assure un gros chèque mais ne garantit nullement son implication réelle. et il faut lui trouver un successeur.
HBO a vraiment une carte à jouer, le succès de la série devrait lui permettre d’attirer encore plus facilement des comédiens de haut vol et pourquoi pas un grand réalisateur ou à défaut plusieurs mais cela s’éloignerait de l’approche prise sur la première saison durant laquelle Fukunaga a vraiment apporté sa vision et ses choix5Paradoxalement, c’est son plus gros morceau de bravoure technique qui me laisse le plus perplexe avec le recul. En effet, son plan séquence de 6 minutes dans l’épisode 4 a beau être une sacrée prouesse, il reste finalement assez vain bien qu’il illustre parfaitement le budget luxueux dont la série a bénéficié..

Quoi qu’il en soit, la vraie difficulté pour Pizzolatto et HBO est qu’ils se trouvent aujourd’hui au pied du mur en ayant absolument tout à reconstruire pour une nouvelle saison. Une nouvelle saison qui sera très attendue suite au succès de la précédente.
Si True Detective s’inscrit vraiment dans la durée, Pizzolatto va se retrouver tous les ans devant une page blanche, espérons qu’il supporte bien la pression…

Nouvelle vague d’anthologies, réinvention de la mini-série ou simple passade ?

Historiquement, les anthologies à la télévision étaient généralement une succession de récits unitaires autour d’un genre particulier, majoritairement le Fantastique ou l’Horreur (La Quatrième dimension, Les Contes de la crypte ou plus récemment Masters of Horrors) mais parfois également le Polar (Alfred Hitchcock présente).

La Quatrième dimension
La Quatrième dimension

La particularité de la nouvelle vague qui s’annonce est que les récits sont étalés sur plusieurs épisodes, ce qui les rapproche finalement d’une autre catégorie télévisuelle assez traditionnelle : les mini-séries6C’est d’ailleurs dans les catégories relatives aux mini-séries que FX a proposé American Horror Story aux Emmy Awards..

En étant un tout petit peu cynique, on pourrait se dire que la structure de True Detective n’est rien d’autre qu’une réinterprétation opportuniste du genre de la mini-série.
Assez étrangement, jusqu’à présent, l’écrasante majorité des mini-séries étaient conçues comme des projets one-shot et leur degré de succès n’y changeait rien. On peut aisément imaginer que cette approche va changer et que les producteurs se poseront dorénavant toujours la question de savoir si leur concept de mini-série a le potentiel d’être transformé en anthologie.
A moins que l’effet ne soit plus profond encore et que les producteurs ne viennent à favoriser les projets pensés comme des anthologies potentielles au détriment de mini-séries plus traditionnelles.

La mini-série Band of Brothers
La mini-série Band of Brothers

On pourrait ensuite se demander si ce nouveau format pourrait prendre de l’importance par rapport aux séries classiques dont les intrigues s’étalent sur plusieurs saisons.
Une telle hypothèse me semble hautement improbable car si ce nouveau format est séduisant sur le papier, il reste néanmoins très loin d’être une garantie de succès.
Si l’indépendance des intrigues peut se révéler être un atout lorsqu’il s’agit d’attirer de nouveaux aficionados quand une nouvelle saison commence, cela peut vite devenir un sérieux handicap en matière de rétention des téléspectateurs, car si on pardonne volontiers un passage à vide dans une série dans laquelle on s’est véritablement investie7La plupart des fans de Dexter ont détesté les dernières saisons de la série, mais ont néanmoins regardé la série jusqu’au bout… On pourrait sans doute dire la même chose de How I Met Your Mother. Deux exemples qui illustrent bien la grande force du format classique de séries TV qui en cas de succès parvient à créer un lien extrêmement fort et durable avec le téléspectateur., c’est nettement moins évident lorsqu’il s’agit d’une anthologie.

American Horror Story a subi ce phénomène en saison 2 avec un effritement significatif de son audience. Ceci dit, cela n’a pas empêché la troisième saison de la série d’afficher de très bons scores.

Du point de vue du téléspectateur, l’anthologie offre la garantie d’obtenir une intrigue complète, mais sur les chaînes du câble (qui sont pour le moment les seules à se livrer à l’exercice), cela ne change pas grand chose puisqu’il est vraiment rare que ces dernières ne laissent une série totalement inachevée pour la simple raison que leur mode de production pour les séries est radicalement différent de celui des networks8Les saisons des séries du câble comptent moins d’épisodes et sont le plus souvent mises en boîte avant la diffusion du premier épisode. Les séries de network sont quant à elles généralement produites au fil de l’eau, ce qui permet d’en interrompre la production en cas d’audiences inférieures aux attentes..

En revanche, sur les networks justement, la promesse est séduisante ou tout au moins intrigante.
A titre personnel, j’ai de plus en plus de mal à m’engager sur de nouvelles séries de network car j’ai le sentiment que la plupart entre (ou va entrer) beaucoup trop facilement dans l’une des catégories suivantes :

  • Formula show.
  • Annulée trop vite sans conclusion satisfaisante.
  • Va durer bien au delà du raisonnable.
Matthew McConaughey dans True Detective
Matthew McConaughey dans True Detective

Il est assez rare de voir une série de network se terminer au moment où elle le devrait pour la bonne et simple raison que la logique des exécutifs est de rentabiliser ce qui fonctionne jusqu’à la corde (je schématise mais il n’y a vraiment pas beaucoup de contre-exemples en dehors du câble).
Du coup, du point de vue du téléspectateur, les anthologies seraient la promesse d’histoires complètes et potentiellement plus satisfaisantes sur les networks… Mais côté production, cela demanderaient vraisemblablement plus de moyens (pas de possibilité d’amortir les décors d’une saison sur l’autre par exemple, probable nécessité d’augmenter les dépenses marketing) sans aucune garantie de succès pour les raisons évoquées plus haut.
Le côté évènementiel de ce genre de projets pourrait présenter un intérêt en terme d’image, tout particulièrement dans un contexte dans lequel les chaînes ne vont pas pouvoir longtemps éviter de repenser leur modèle face à l’évolution rapide et drastique de la manière dont les téléspectateurs consomment les contenus télévisuels mais, même à ce titre, j’avoue rester assez sceptique.

Les années à venir nous montrerons si American Horror Story et True Detective marquent le début d’une nouvelle vague(lette) ou s’ils resteront des projets à part dans le paysage télévisuelle.

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    Matthew McConaughey a obtenu un Oscar mérité pour son rôle dans Dallas Buyers Club mais on peut se demander dans quelle mesure le buzz autour de sa prestation dans True Detective a pu peser au moment des votes.
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    La prestation de Harrelson est également très convaincante mais son rôle de passif-agressif est nettement moins spectaculaire que le Cohle incarné par McConaughey.
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    Le principal reproche que l’on peut formuler à True Detective concerne le caractère assez unidimensionnel de ses personnages secondaires.
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    Cary Fukunaga sera producteur exécutif sur la seconde saison ce qui lui assure un gros chèque mais ne garantit nullement son implication réelle.
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    Paradoxalement, c’est son plus gros morceau de bravoure technique qui me laisse le plus perplexe avec le recul. En effet, son plan séquence de 6 minutes dans l’épisode 4 a beau être une sacrée prouesse, il reste finalement assez vain bien qu’il illustre parfaitement le budget luxueux dont la série a bénéficié.
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    C’est d’ailleurs dans les catégories relatives aux mini-séries que FX a proposé American Horror Story aux Emmy Awards.
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    La plupart des fans de Dexter ont détesté les dernières saisons de la série, mais ont néanmoins regardé la série jusqu’au bout… On pourrait sans doute dire la même chose de How I Met Your Mother. Deux exemples qui illustrent bien la grande force du format classique de séries TV qui en cas de succès parvient à créer un lien extrêmement fort et durable avec le téléspectateur.
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    Les saisons des séries du câble comptent moins d’épisodes et sont le plus souvent mises en boîte avant la diffusion du premier épisode. Les séries de network sont quant à elles généralement produites au fil de l’eau, ce qui permet d’en interrompre la production en cas d’audiences inférieures aux attentes.

House of Cards et le modèle Netflix

Comme c’est devenu la coutume pour le géant américain du streaming, l’ensemble de la nouvelle saison de House of Cards a été mis en ligne d’un seul coup, c’était le 14 février dernier. Un procédé qui a du sens d’un point de vue stratégique puisque l’ambition de Netflix est clairement de venir chambouler les acteurs en place dans le monde des séries TV et sans doute plus particulièrement les chaînes payantes du câble telles que HBO ou Showtime.

Ce mode de diffusion réduit mécaniquement la durée de la couverture médiatique dont bénéficie la série mais Netflix s’en moque éperdument puisque, en tant que service de vidéo à la demande, celui-ci n’a pas de grille à construire et encore moins d’objectifs d’audience à atteindre sur des créneaux prédéterminés. Le principal objectif du groupe est de proposer du contenu exclusif à ses clients afin de leur donner une raison de plus de s’abonner (ou de le rester).
La disponibilité simultanée de la saison complète offre à chacun la possibilité de regarder la série exactement comme il le souhaite (en marathon dès le premier week-end ou en prenant son temps), ce qui est l’essence même du concept de vidéo à la demande.
Mieux encore, si la couverture médiatique est assez courte, elle est également plus intense, ce qui lui permet de résonner bien au-delà des seuls amateurs de séries.

Bref, sur le plan marketing, ce que fait Netflix est plutôt malin.
En revanche, en tant que téléspectateur, ce mode de diffusion est un peu frustrant car il diminue les échanges possibles entre amateurs (notamment sur les réseaux sociaux) puisque chacun regarde la série comme il le souhaite (ou comme il le peut) sans qu’aucun cadre ne soit donné par le diffuseur, ce qui augmente forcément la probabilité de se faire spoiler pour ceux qui prendront le temps (le risque ?) de regarder la série sur plusieurs semaines voire sur quelques mois.
Immanquablement, cela conduit beaucoup d’amateurs au binge watching avec en corolaire la nécessité de devoir attendre une année entière pour avoir accès à une nouvelle fournée d’épisodes (bon ok, on est vraiment en plein dans la catégorie first world problem ;).

Je suis peut être un peu old school mais, à mes yeux, la récurrence des rendez-vous hebdomadaires et l’attente (dans le sens positif du terme) sont les éléments clés qui définissent l’expérience séries TV.
Je ne suis pas en train de dire que le binge watching devrait être proscrit en toute circonstance – je ne suis d’ailleurs pas le dernier à y avoir recours – mais je vois plus cette pratique comme un moyen de rattraper son retard sur une série. A mon sens, il serait regrettable que cela devienne la norme.

Le président (Michael Gill) et son vice-président (Kevin Spacey)
Le président (Michael Gill)
et son vice-président (Kevin Spacey)

Une histoire de format

Pour revenir au cas particulier de House of Cards et avant de s’intéresser au fond, je voudrais m’attarder quelques lignes sur un point purement technique qui m’irrite.
En effet, j’avoue avoir bien du mal à saisir le choix de ne pas cadrer la série en 16/9 (1.77) mais en 2.00, un format1Un récapitulatif des différents formats d’image traditionnels est disponible ici. plutôt atypique.

La différence reste relativement minime (de petites bandes noires en haut et en bas sur une TV 16/9) mais, étant donné que la série n’a absolument pas vocation à être largement diffusée en salle, ce choix fait assez peu de sens.
Autant je respecte le choix de certaines séries britanniques qui sont tournées en 2.35 (Utopia et In the Flesh notamment), car ce format apporte une vraie différence en matière de composition de l’image, autant franchement, du 2.00 en lieu et place du 16/9, c’est surtout prétentieux au possible (« On ne fait pas une série TV mais du Cinéma… Enfin à peu près »).

A mes yeux, ce format 2.00 est une aberration, une sorte de compromis à mi-chemin entre la Télévision et le Cinéma qui laisse penser que, lorsque David Fincher2Pour mémoire, David Fincher (Seven, Fight Club, The Social Network) avait réalisé les deux premiers épisodes de House of Cards l’année dernière. a défini l’identité visuelle de la série, le réalisateur souhaitait utiliser le format 2.35. Une idée que les exécutifs de Netflix lui auraient demandé de tempérer pour quelque chose d’un peu moins radical pour la télévision américaine (Tiens, Netflix ne serait finalement pas si aventureuse qu’elle aimerait nous le faire croire ?).
Que cette hypothèse soit la bonne ou non ne change rien. A l’arrivée, on se retrouve avec un format bâtard qui ne satisfait personne.

Et cette saison 2 dans tout ça ?

Pour commencer, bien qu’absents de l’essentiel du premier épisode de cette nouvelle saison, les moments durant lesquels Underwood (Kevin Spacey) s’adresse à la caméra pour nous expliquer quoi penser sont toujours aussi omniprésents que pénibles.
Alors oui, Underwood est un politicien et cette idée qu’il pourrait chercher à manipuler tout le monde jusqu’au téléspectateur est amusante mais, en pratique, ce gimmick à la subtilité pachydermique est complètement hors de propos, surtout dans dans une série dramatique qui se veut par ailleurs très haut de gamme.

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La Gifle, une pépite australienne à découvrir

Adaptée du roman éponyme publié en 2008 par Christos Tsiolkas, La Gifle (The Slap) est une mini-série en huit épisodes (55 minutes par épisodes en moyenne) qui nous vient tout droit du pays des koalas. Enfin tout droit, c’est un peu vite dit puisqu’elle fut diffusée en Australie en 2011 pour n’arriver en France qu’à la rentrée dernière sur Arte.

La principale particularité de la mini-série est qu’elle est bâtie autour d’une contrainte formelle qui consiste à présenter chaque épisode au travers du point de vue de l’un de ses personnages. Un procédé qui n’est évidemment pas nouveau1Sans forcément remonter très loin, on pense forcément à Skins. mais que La Gifle exploite à merveille tout en parvenant à conserver une vraie unité dans son intrigue générale2Seul l’épisode 6 (Manolis) m’a semblé un cran en dessous en terme de continuité ce qui le rend du coup presque dispensable..

Melissa George dans The Slap

L’épisode d’ouverture se déroule le jour des 40 ans d’Hector3Incarné par Jonathan LaPaglia, vu notamment dans New York Undercover et The District et frère d’Anthony (Without a Trace).. A cette occasion, son épouse4Campée par Sophie Okonedo (Hotel Rwanda).organise une petite fête à laquelle quelques proches et amis du couple sont conviés.

Il est rapidement évident que le couple est en difficulté et qu’Hector – en pleine crise de la quarantaine – n’est pas loin de succomber aux charmes de leur jeune babysitteur qui n’a pas encore la moitié de son age.

L’évènement clé de la série – vous vous en doutez sans doute – est une gifle que l’une des personnes présentes à l’anniversaire donnera à un enfant.
C’est cette fameuse gifle qui va faire basculer l’ensemble des relations entre les différents personnages, une (r)évolution que les épisodes suivants explorerons brillamment en creusant le sillon de la thématique principale (la difficulté à accepter le temps qui passe).

Tony Briggs et Anthony Hayes dans La Gifle

Une autre particularité de la mini-série est qu’elle parvient à dresser des portraits convaincants de personnages issus de générations différentes grâce à une qualité d’écriture assez bluffante qui rend ces huit heures construites autour d’une simple gifle absolument passionnantes.

Alors, il y a bien quelques petits scories comme cette voix-off un peu facile5Mais qui heureusement sait se faire de plus en plus discrète à mesure que la série progresse. ou encore le grand écart assez drastique dans l’évolution de l’un des personnages adolescents en l’espace d’une petite demi heure (c’est d’ailleurs le seul moment où le fait d’avoir choisi de centrer chaque épisode sur le point de vue de l’un des personnages conduit les auteurs à quelques facilités narratives), mais cela reste finalement assez anecdotique à côté de tout ce que La Gifle réussie.

A noter que la chaîne américaine NBC vient tout juste de commander un remake sur le même format (8 épisodes) dont j’avoue avoir quelques difficultés à saisir l’intérêt.
La série originale est récente, en anglais, avec quelques comédiens que le public américain connaît bien6Aux côtés de Jonathan LaPaglia et Sophie Okonedo, on retrouve également l’excellente Melissa George (vue dans Alias, Hunted ou encore la cinquième saison de The Good Wife). et son sujet est assez universel. Difficile dans ces conditions de justifier la mise en chantier d’un remake…

Anthony LaPaglia et Sophie Lowe dans La Gifle

Quoi qu’il en soit, si vous ne l’avez pas déjà fait, c’est vraiment très chaleureusement que je vous recommande de découvrir La Gifle au plus vite !

La série est disponible en VOD sur le site d’Arte ainsi que sur iTunes. Les amateurs de supports physiques pourront se tourner vers le DVD (une édition Blu-ray arrive en Allemagne dans quelques jours pour sensiblement le même prix).